SAINTE MARIE-MADELEINE - Lot 60

Lot 60
Aller au lot
Estimation :
20000 - 30000 EUR
Résultats sans frais
Résultat : 330 000EUR
SAINTE MARIE-MADELEINE - Lot 60
SAINTE MARIE-MADELEINE en tilleul sculpté en ronde-bosse avec infimes traces de polychromie et de dorure. Debout, la sainte soulève d’un geste gracieux le couvercle du pot à onguents qu’elle tient de sa main gauche ; visage aux traits harmonieux avec les paupières délicatement ourlées, l’œil gauche souligné d’un léger œdème, la bouche bien dessinée à la lèvre inférieure charnue, le petit menton rond ; elle est revêtue d’une longue robe ceinturée à l’encolure en V et d’un manteau aux plis volumineux et cassés dont elle retient un pan par son avant-bras droit, l’extrémité reposant sur son poignet gauche ; le voile, posé sur la tête avec un replis, a un long pan tombant à l’arrière de l’épaule gauche, laissant visible dans son dos l’abondante chevelure aux longues mèches fortement bouclées ; terrasse monoxyle - hormis le rajout d’une fine semelle - d’aspect naturaliste en forme de rocher accidenté portant deux blasons vraisemblablement correspondant aux commanditaires. Petite cheville à l’arrière de la tête indiquant la présence d’un ancien nimbe ou bien le rebouchage d’un trou pour la mise en place sur l’établi du sculpteur. Strasbourg, attribuée au Maître du retable de Lautenbach, entourage de Nicolas de Leyde, vers 1470/80 Hauteur : 55,5 cm (très légers manques, piqûres) Provenance : - Curé du village de Roppentzwiller (Sundgau), milieu du XIXe siècle, réputée provenir de l’abbaye de Lucelle (Haut-Rhin) - Donnée à sa nièce et restée dans la famille - Collection Charles Canus, Mulhouse, années 1970 L’historien de l’art alsacien Victor Beyer ( 2019) ancien conservateur des musées de la ville de Strasbourg, puis conservateur en chef du département des Sculptures au musée du Louvre en 1974, a longuement étudié cette sculpture. Il l’a rattachée stylistiquement à la sainte Femme conservée au Staatliche Museen de Berlin (Inv. 2240, fig.). La sainte Femme et la Madeleine, extrêmement proches l’une de l’autre, possèdent en effet toutes deux la même hauteur et des trous de fixation au sommet de la tête. Peut-être appartenaient-elles à un même retable destiné à une dévotion privée comme l’indiquent les deux écus présents ici sur la base. La sculpture de Berlin a été comparée à plusieurs reprises à la Vierge à l’Enfant de Dangolsheim (également conservée au Staatliche Museen Inv. 7055) dont le sculpteur est Nicolas Gerhaert de Leyde (vers 1420-1473). La piste de Nicolas Gerhaert de Leyde semble plausible bien qu’elle soit à nuancer. En effet, l’artiste, qui a reçu plusieurs commandes privées pour des retables, a également été en contact avec d’autres sculpteurs renommés tels que Michel Erhart (Ulm 1440 -1522), Veit Stoss (Nuremberg 1447-1533), Erasmus Grasser (Munich 1450-1515) ou encore Michel Pacher (1435-1498). On connait peu d’œuvres de Michel Pacher mais une sainte Marguerite conservée au Metropolitan Museum of Art de New York (Inv. 63.13.2) présente une encolure en V aux bords épais semblable à celle de la sainte Madeleine. La sainte Femme a aussi été attribuée au Maître du retable de Lautenbach, à l’entrée de Renchtal, en Bade. Réfutée par Victor Beyer, cette piste semble aujourd’hui être retenue. Le principal argument étant que les sculptures du retable de Lautenbach ont été réalisées en tilleul contrairement aux sculptures de Nicolas Gerhaert de Leyde qui étaient réalisées en noyer. Il est donc très probable que l’auteur de cette remarquable et rare Marie-Madeleine soit un artiste ayant travaillé dans l’atelier ou dans le proche entourage du grand Nicolas de Leyde qui serait resté à Strasbourg après le départ du maître pour Vienne en 1467. Bibliographie : - V. Beyer, « Autour du retable de Lautenbach (Bade) L’énigme d’une sainte Madeleine inconnue » dans Cahiers Alsaciens d’Archéologie d’art et d’histoire, Strasbourg, Société pour la conservation des monuments historiques d’Alsace, Tome XVI, 1972, p.151- 156. Ouvrages consultés : - J. Chapuis, Tilman Riemenschneider, Master Sculptor of the Late Middle Ages, National Gallery of Art Washington, The Metropolitan Museum of Art, New York, 2000. - S. Roller, Niclaus Gerhaert, Der Bildhauer des Späten Mittelalters, Liebieghaus, Skulpturen Sammlung, 2012. - R. Recht, Un regard moderne, Nicolas de Leyde sculpteur du XVe siècle, Strasbourg, 2012, p.128, p.270-274. [RDC : excellent état général, légers manques au petit doigt de la main droite, à l’extrémité du pouce de la même main, à la bordure du manteau sur la droite, sur le devant, sur le bras droit, fente à l’arrière de la tête, petites usures à certains endroits du drapé et au nez, présence sur l’ensemble de la sculpture de piqûres d’insectes xylophages, a été traitée.] Expert l Laurence Fligny
Mes ordres d'achat
Informations sur la vente
Conditions de vente
Retourner au catalogue